Homélie du Dimanche 03 septembre 2023 : 22° dimanche du Temps ordinaire Année Liturgique A
« OFFRIR SA PERSONNE ET SA VIE EN SACRIFICE SAINT»
Frères et Sœurs dans le Seigneur,
Je vous exhorte, mes sœurs, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous l’adoration véritable.
Ces paroles de l’Apôtre Paul sont pleines d’encouragement parce qu’elles nous redisent le sens, la valeur que peut avoir notre vie quotidienne. Offrir à Dieu notre vie, voilà l’adoration véritable. Il est bon et encourageant d’entendre l’Apôtre nous rappeler que notre vie de tous les jours, toute simple, toute ordinaire, si nous savons en faire l’offrande à Dieu, peut être une prière, une prière permanente, une prière que Dieu accueille avec joie. Il arrive qu’une personne nous dise qu’elle ne prie pas beaucoup, en ce sens qu’elle ne dit pas souvent des prières, mais en même temps elle ajoute qu’elle tient à offrir sa vie chaque matin au Seigneur et qu’il lui arrive au cours de la journée de renouveler cette offrande. Elle continue en disant qu’elle essaie tout au long de la journée de conformer sa vie à la Parole de Dieu, comme elle le peut, qu’elle lui parle et lui demande son aide.
Est-ce que ce n’est pas cela offrir sa personne et sa vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu ? N’est-ce pas cela l’adoration véritable ! En continuant avec les mots de saint Paul : Offrir notre personne et notre vie, cela exige inévitablement que nous acceptions chaque jour de nous transformer en renouvelant notre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. Nous laisser interpeller par l’Évangile, dans le concret de notre vie de chaque jour, peut souvent être une véritable conversion, parce que ça exige de changer notre façon de penser, de parler, d’agir. C’est cela la vraie conversion, c’est ce que signifie le mot conversion dans l’Évangile. Très souvent en effet, Jésus pourrait nous faire le même reproche qu’à Pierre et nous dire à nous aussi que nos pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.
Le récit évangélique de ce dimanche nous montre Jésus prêt, et de façon très consciente, à offrir sa personne et sa vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu son Père. Jésus a fait ce choix d’être résolument fidèle à la mission reçue de Dieu. C’est le sens des tentations qu’il a vécues au tout début de sa vie publique : il a alors pris la décision que sa vie serait toujours conséquente à la volonté de Dieu, au projet de Dieu sur lui et sur le monde. Il affirme devant ses apôtres qu’il va demeurer fidèle à cette décision quoi qu’il puisse lui arriver. Ce qui va lui arriver, il le réalise de plus en plus : il est en marche vers la souffrance et la mort. Il faut remarquer que la deuxième partie de ce récit commence par ces mots : Alors Jésus dit à ses disciples. Le Christ ne s’adresse plus seulement à Pierre, il s’adresse à ses disciples, à tous ceux et celles qui acceptaient, qui accepteront de le suivre. Il y va assez clairement, il ose nous expliquer ce que cela veut dire, pour nous ses disciples d’aujourd’hui. Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Des mots assez dérangeants et exigeants !
Deux choses doivent caractériser ceux qui suivent Christ dans ce monde: Se renoncer soi-même, et, prendre sa croix. Et elles ne se réalisent pas si l’on n’a pas la vie du Christ et Christ pour objet de son cœur, et l’espérance de la gloire avec lui. «Se renoncer soi-même», c’est cesser de vivre en vue de soi; l’homme qui ne possède pas le Christ pour sa vie, ne peut vivre que pour lui-même; tout ce qu’il fait se rapporte à lui, directement ou indirectement, même ses bonnes œuvres en faveur d’autrui. En fait, Pierre se disait précisément que si le Christ mourait, lui serait privé de la gloire à laquelle sa chair tenait tant; car il voulait la gloire sans la souffrance. Un seul pouvait être dans la gloire sans souffrir, Jésus, mais il y serait demeuré seul. Dans son amour infini, il a voulu mourir pour nous, afin que nous ayons une part avec lui.
«Prendre sa croix», c’est réaliser la mort tant que l’on est ici-bas. Quand un condamné à la crucifixion allait au supplice, on lui faisait porter sa croix et, en le voyant, on pouvait dire: «Voici un homme qui en a fini avec la vie». Et lui ne pensait plus à jouir des choses d’ici-bas; il en avait fini. Combien il est à désirer que ceux qui observent notre conduite puissent dire que nous en avons fini avec le monde, que nous ne vivons plus pour nous-mêmes! Nous manifesterions ainsi que nous sommes du ciel, les disciples de celui qui a souffert et qui est mort pour nous. Amen !
Père Pascal MUHINDO, Vicaire dominical