Homélie du Dimanche 08 Janvier 2023 : Epiphanie du Seigneur

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L’Epiphanie du Seigneur

Chers frères et sœurs dans le Seigneur,

Avec l’Epiphanie, l’Eglise célèbre la manifestation de Dieu aux hommes, en la personne de Jésus Christ. Il est curieux qu’à Noël les bergers furent les premiers informés de la naissance de Jésus et les premiers invités à venir l’adorer. Il me semble que Dieu aurait dû choisir mieux que ces pauvres hommes dont la réputation n’était pas fameuse à l’époque. Pourquoi ont-ils ce privilège alors que tant de gens plus respectables, plus instruits auraient dû passer avant?  Des prêtres, par exemple, des lévites, des scribes, des pharisiens. C’est vrai que les bergers étaient déjà debout ; veillant dans la nuit, ils étaient là quand les anges sont venus. Les autres, eux, ils dormaient bien tranquilles, ils faisaient peut-être la fête. Au fond il était bien normal que les anges se portent d’abord vers ceux qui étaient là sur le qui vive, prêts à recevoir l’annonce de la bonne nouvelle : Aujourd’hui vous est né un Sauveur.

On pourrait penser qu’à l’Épiphanie, les choses vont se passer autrement. Les mages eux, ne sont pas n’importe qui. Ils sont des gens de prestige, membres d’une caste sacerdotale, et peut-être même royale, en Perses ou ailleurs en Orient. Ils avaient sans doute un équipage. Puis ils avaient de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Des gens à la hauteur de notre Seigneur, dirions-nous. Mais voilà, il y a là aussi quelque chose qui cloche : ces messieurs ne sont pas des juifs. Les bergers eux au moins ils étaient membres du peuple élu. Les mages, eux, ils ont le malheur d’être des étrangers (païens)! Grand scandale!

On comprend l’étonnement des sages d’Israël et du Roi Hérode devant ces gens ; et Saint Matthieu a retenu cet événement pour bien montrer, dès le début de son évangile, que la Bonne Nouvelle est offerte à toute l’humanité, qu’elle n’est pas réservée au peuple juif. L’évangéliste montre ainsi son émerveillement comme Paul le fait dans la 2e lecture : « Frères et sœurs, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : il m’a fait connaître le mystère du Christ… que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus. »

Cette annonce de la Bonne Nouvelle au monde païen ne rend pas pour autant inutile la première alliance (alliance avec le peuple d’Israël).  Au contraire tout passe par la révélation biblique. C’est là que les prêtres et les scribes apprennent que le Messie va naître à Bethléem. Mais la seule Écriture ne suffit pas, la prophétie ne suffit pas. Il faut l’Étoile, qui, bien plus qu’un corps céleste physique, suggère l’action de l’Esprit dans le cœur des mages. D’où la grande joie qu’ils éprouvent à retrouver l’étoile en quittant Jérusalem.

Si les mages sont les seuls à voir l’étoile, c’est sans doute qu’Hérode préférait l’éclat sensationnel de sa cours au silence de la nuit ; c’est peut-être que les chefs des prêtres et les scribes étaient trop convaincus de posséder la vérité. Ils n’étaient pas disponibles intérieurement d’accueillir la nouveauté que Dieu leur offrait par la naissance de Jésus. Pour discerner une étoile, il faut être dans la nuit. Pour se laisser instruire par l’Esprit, il faut d’abord reconnaître son ignorance, laisser les questions monter en soi. Ne pas croire en ses seules ressources, aux seules forces de l’intelligence. Il faut laisser venir en soi la lumière surnaturelle de la foi et se laisser illuminer par l’Étoile, par l’Esprit. Et alors on pourrait rencontrer l’enfant de Bethléem, le Christ Sauveur et l’adorer en vérité. Et, après l’avoir adoré, comme les mages, nous verrons qu’il nous faut repartir nous aussi par un autre chemin,  chemin d’amour et de paix. Amen !

Père Pascal MUHINDO, Vicaire dominical