Liturgie de la Parole du dimanche 29 mars 2025 : 4ème Dimanche de Carême Année C
I. liturgie de la parole :
- Première lecture : « L’arrivée du peuple de Dieu en Terre Promise et la célébration de la Pâque (Jos 5, 9a.10-12)
En ces jours-là, le Seigneur dit à Josué : « Aujourd’hui, j’ai enlevé de vous le déshonneur de l’Égypte. » Les fils d’Israël campèrent à Guilgal et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans la plaine de Jéricho. Le lendemain de la Pâque, en ce jour même, ils mangèrent les produits de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés. À partir de ce jour, la manne cessa de tomber, puisqu’ils mangeaient des produits de la terre. Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan. – Parole du Seigneur.
- Psaume : (Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7)
R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! (cf. Ps 33, 9a)
Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Je me glorifierai dans le Seigneur : que les pauvres m’entendent et soient en fête ! Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom. Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre. Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses.
- Deuxième lecture : « Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ » (2 Co 5, 17-21)
Frères, si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné le ministère de la réconciliation. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes, et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. – Parole du Seigneur.
- Évangile : « Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 1-3.11-32)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (Lc 15, 18)
En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’ Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : ‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’ Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’ Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : ‘Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’ Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’ Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !» – Acclamons la Parole de Dieu.
II. MEDITATION
Frères et Sœurs, en ce 4ème Dimanche de Carême, la Parole de Dieu focalise notre attention sur la réconciliation : sa signification, ses actes et les mayens pour y parvenir.
- La signification de la réconciliation. De façon ordinaire, la réconciliation, c’est le fait de rétablir un accord, une harmonie ou une alliance entre Dieu et les humains, ou entre les humains eux-mêmes. Dans la spiritualité et la religion, c’est un mouvement de retour par l’être humain vers Dieu et le prochain desquels il était éloigné à cause du péché (Gn 3, 23-24). Ce mouvement de retour à Dieu est indispensable, car sans Dieu, l’être humain ne peut mener une vie décente (cf. Jn 15, 5). C’est donc un vrai pèlerinage vers le bonheur comme l’indique l’évangile de ce jour : « Il rentra alors en lui-même : ‘Combien d’ouvriers de mon père, se dit-il, ont du pain plus qu’il n’en faut, et moi ici je meurs de faim. 18Je vais me lever, retourner vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le Ciel et devant toi. 19Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils, mais prends-moi comme l’un de tes ouvriers.’ 20Il se mit donc en route et retourna chez son père» (Lc 15, 17-20). Ce pèlerinage décrit quelques actes essentiels. Les actes de la réconciliation. Le 1er acte, c’est l’attitude accueillante de Dieu vis-à-vis de ceux et celles qui étaient éloignés de lui. Savoir et croire que malgré l’éloignement causé par le péché, Dieu est toujours prêt à accueillir l’être humain qui revient vers lui est une source de force et de courage. Le 2ème acte, c’est la décision d’aller vers Dieu après une prise de conscience que le péché (éloignement) détruit notre richesse et notre dignité d’enfant de Dieu (cf. Lc 15, 14-16). En effet, quiconque ne réalise les graves conséquences du péché dans sa vie ne pourra marcher vers la réconciliation authentique. Le 3ème acte, c’est se mettre en marche vers Dieu et le prochain (frère et sœur). On le sait : désirer d’aller vers Dieu est une chose ; se mettre effectivement en marche vers Dieu en est une autre. Comme l’enseigne la Tradition de l’Eglise : l’homme assis, Dieu le regarde ; debout, il le pousse. Cela veut dire que la réconciliation suppose des efforts personnels. Le 4ème acte, c’est la nouvelle rencontre avec Dieu et le prochain. Le fils perdu n’a pas rencontré un autre Père et un autre frère. Ce sont les mêmes. Seulement, il sera question de mener une nouvelle vie avec Dieu et les prochains, dans des relations totalement renouvelées. La Parole de Dieu de ce jour propose quelques moyens pour y parvenir. III. Les moyens de la réconciliation. Dans la 2ème lecture, Saint Paul présente, avec raison, le Christ comme celui par qui la réconciliation avec Dieu a pleinement eu lieu. D’ailleurs, le Christ lui-même dit qu’iIl est le chemin par lequel, l’être humain peut ou doit aller vers son Père et notre Père (cf. Jn 14, 6). A travers la figure du Christ, il y a ces différents moyens qui introduisent l’être humain dans la communion avec lui : d’abord la Parole de Dieu. Elle a le pouvoir de prendre le pécheur, si loin qu’il soit de Dieu, et le ramener à Dieu. Ensuite, ce sont les sacrements, comme occasions de rencontre avec Dieu (particulièrement le sacrement de la réconciliation). Enfin, c’est le dialogue avec Dieu (prière, méditation) et avec le prochain (entretien, demande et accueil du pardon) qui brise la distance et rétablit le climat de confiance mutuelle. En ce jour, que Dieu nous accorde la grâce de briser les distances nées ou créées entre les humains et lui, et entre les humains eux-mêmes. Puissions-nous nous réconcilier avec tous ceux et toutes celles que nous avions rejetés et/ou fait sortir de nos cœurs à cause de leurs fautes à notre égard. Que chacun/chacune de nous trouve en Dieu son vrai bonheur. Amen.
Abbé Georges NJILA, Curé