Dimanche 25 juin 2023 : 12° dimanche du Temps ordinaire Année Liturgique A

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«NE CRAIGNEZ PAS LES HOMMES»

Lectures : Jérémie 20, 10-13 ; Romains 5, 12-15 ; Matthieu 10, 26-33

Frères et sœurs, chers amis, Jésus a pris soin d’avertir ses disciples de la difficulté de la mission qu’il leur confie et des épreuves auxquelles ils seront confrontés. « Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. (…)Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. » (Mt, 10,16 ; 22). Ainsi, Jésus n’a pas caché à ses disciples les risques encourus, leur rappelant aussi que le disciple n’est pas au-dessus de son maître ! Dès lors, nous sommes à même de percevoir l’inquiétude de ceux que Jésus envoie en mission, tant il est vrai que, dans un certain nombre de situations, nous pouvons en faire l’expérience, quand, par exemple, nous essayons de témoigner de notre foi au sein de nos familles, ou dans nos engagements professionnels ou sociaux, au risque d’être rejetés, parfois ignorés, ou tournés en ridicule ! Et comment ne pas mentionner ici celles et ceux qui, au nom de leur foi en Jésus-Christ, sont aujourd’hui encore physiquement ou psychologiquement persécutés ! Voilà pourquoi Jésus invite ses disciples à ne pas avoir peur des hommes. Et son argument pour les encourager et les rassurer consiste à leur annoncer que rien n’arrêtera la Révélation : « rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu ». Rien ni personne ne pourra stopper le dessein bienveillant de Dieu qui nous a été révélé dans le Christ. Et à considérer l’histoire de notre Eglise, force est de constater que, malgré le péché des hommes, malgré les épreuves endurées et traversées, malgré les trahisons et les déviances de certains de ses membres, l’Evangile n’a jamais cessé d’être annoncé et transmis. Plus encore, des hommes, des femmes ont fait et font encore aujourd’hui, au cœur même de situations de détresse ou de perdition, l’expérience inouïe de la rencontre de Jésus Christ, au point que toute leur vie en a été et en est transformée !

Oui, chers amis, la rencontre de Jésus, la reconnaissance de sa présence et l’ouverture au don de l’Amour qu’est Dieu, a quelque chose d’irrésistible, quelque chose qui rend fort dans la fragilité, quelque chose qui enrichit dans la pauvreté, mais surtout quelque chose qui, malgré les difficultés et les épreuves, ne peut pas être détruit et reste la source d’une joie que nul ne peut nous ravir ! Encore faut-il choisir de croire, de faire confiance à Jésus, et consentir du plus profond de notre être à nous en remettre à Dieu dans tout ce que nous vivons, à ce Dieu pour qui chacun de nous vaut plus que tout l’or du monde, à ce Dieu qui veut nous protéger du danger de la rupture définitive avec Lui, de la mort spirituelle, celle vers laquelle le démon, le Satan, le tentateur s’emploie, par tous les moyens, à nous pousser !

« Soyez donc sans crainte, dit Jésus : vous valez bien plus que tous les moineaux du monde.»

Chers amis, frères et sœurs, la foi –la confiance- en Dieu n’est pas le résultat d’une démonstration. Elle est un don qui est fait à tout homme et que chacun reste libre d’accueillir ou de refuser. Quand je fais confiance à quelqu’un, je ne lui fais pas confiance parce qu’il le mérite ou parce qu’il a prouvé qu’il était digne de ma confiance… En d’autres termes, il n’existe aucune preuve qui permette d’être sûr à 100% de la confiance donnée ! En revanche, et cela est important, il y a des signes qui nous aident à fortifier et à nourrir notre confiance, des signes qui amènent à dire que nous avons raison de faire confiance… Nous avons à être attentifs à ces signes pour nous donner la possibilité de grandir dans la confiance, tant il est vrai que, sans la confiance, sans un minimum de confiance, nous risquons de perdre le goût de vivre !

Chers amis, frères et sœurs, cette parole de Jésus est un appel à grandir dans la confiance en Dieu, et cela quels que soient nos états de vie… Suivre Jésus, vivre uni à lui dans le quotidien, relève toujours d’un choix libre. Mais si nous faisons ce choix, alors nous avons à tout mettre en œuvre pour ajuster notre vie à Celui que nous avons décidé de suivre. Devenir chrétien ne relève pas seulement d’une déclaration d’intention ou d’une profession de foi, si belle soit-elle ! Quand on fait le choix de laisser Jésus entrer dans sa vie, rien ne peut plus être comme avant. On n’est plus tout à fait le même. Et, dès lors, notre témoignage consiste essentiellement à rendre visible la confiance donnée à Jésus, et, en lui, par lui, avec lui, à Dieu ! Comment ? Par la façon dont nous vivons au quotidien, dont nous affrontons la réalité, et cela jusque dans l’expérience de nos limites, de nos fragilités, de notre péché, jusque dans la nuit de nos épreuves ! N’est-ce pas l’attitude du prophète Jérémie qui, face à l’adversité, aux calomnies, à la persécution dont il est victime, choisit de remettre sa cause au Seigneur, de faire confiance au Seigneur qui est avec lui ? D’aucuns diront que nous n’avons pas vocation à être prophètes, ou encore que nous ne sommes pas des saints, et que faire confiance au Seigneur à chaque instant de notre vie, nous en remettre à lui, est un choix hors de notre portée, parce que nul ne peut dire de quoi demain sera fait ! C’est oublier que, dans cet abandon confiant entre les mains de Dieu, nous ne risquons rien puisque nous avons pour le Seigneur une valeur inestimable, au point que « même les cheveux de notre tête sont tous comptés » (et cela même si nous n’avons plus de cheveux !). Ce qui signifie, en d’autres termes, que si nous lui faisons vraiment confiance, il nous ouvre le chemin et nous n’avons pas, par conséquent, à avoir peur de ne pas tenir la route ou de n’être pas à la hauteur ! C’est ce que nous rappelle avec force l’Apôtre Paul quand il écrit aux Romains que « si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus-Christ ».

Eh bien, en ce dimanche, demandons à l’Esprit Saint de répandre en abondance sur nous la grâce de Dieu, pour que nous puissions grandir dans la confiance en Jésus, Christ et Seigneur, et témoigner de cette confiance, de notre foi par et dans toute notre vie. Et écoutons Jésus redire à chacun de nous et à notre communauté : « Soyez donc sans crainte, dit Jésus : vous valez bien plus que tous les moineaux du monde.» Amen !

Père Pascal Muhindo, Vicaire dominical