Chers frères et soeurs,
La fête de la Sainte Trinité qui clôture l’ancienne octave de la Pentecôte est une des rares fêtes où nous fêtons Dieu pour ce qu’Il est lui-même et où nous ne commémorons pas un évènement de la Vie de Jésus ou d’un saint. Les textes retenus pour cette fête de la Sainte Trinité orientent notre méditation vers la personne et le rôle de l’Esprit-Saint. Je partirai de la Parole de Jésus dans l’Évangile : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant, vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de Vérité, il vous conduira vers la vérité toute entière. »
La Pentecôte, comme fête juive, est la fête du don de la Loi à Moïse sur le Mont Sinaï. C’est l’une des 3 fêtes de l’année pour lesquelles on se rendait à Jérusalem en pèlerinage. Cela explique pourquoi il y avait autant de gens des lieux différents. Mais cette année-là, cette fête prend une signification tout autre pour ceux qui ont suivi Jésus. Pour la majorité de personnes venues à Jérusalem, nous sommes après la mort de Jésus, pour ceux qui ont entendu parler de l’événement (la résurrection étant encore « confidentielle »), mais pour ses disciples nous sommes après la résurrection et dans l’attente du don du Saint Esprit promis par le Christ. A cinq reprises, lors des apparitions du Ressuscité, Jésus promet à ses disciples qu’il enverra le Défenseur d’auprès du Père.
Dans cet évangile, Jésus veut expliquer ce qu’il considère de plus important pour lui, c’est d’être fidèle à sa parole d’amour. Quand on est fidèle à sa Parole, on invite Jésus chez nous. Même le Père vient demeurer chez nous.
L’Évangile que nous venons d’entendre nous rapporte une partie de « l’entretien suprême » de Jésus avec ses disciples. C’était au soir du Jeudi Saint. Jésus vient de laver les pieds de ses disciples. Judas est sorti pour le trahir. Dans le récit de ce dimanche, deux choses nous frappent : la première c’est la glorification ; l’heure de la mort est, pour Jésus, l’heure où il va être glorifié par le Père. La deuxième c’est le commandement qu’il leur laisse. C’est un commandement qui résume toute sa vie : « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34). Jésus s’adresse une dernière fois aux disciples. Un chef politique aurait désigné son successeur. Un propriétaire aurait distribué ses biens. L’héritage de Jésus porte uniquement sur la relation. « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ». Son testament se lit à l’ombre de la croix et à la lumière de la résurrection. Le mot important est « comme ». Jésus, le Maître et Seigneur, s’est mis au rang de l’esclave pour laver les pieds de ses disciples. En agissant ainsi, il leur a donné l’exemple à suivre. Cet exemple doit aussi inspirer notre comportement. Il ne s’agit pas d’imiter exactement ce que Jésus a fait – comme de laver les pieds de tout le monde – mais de nous mettre au service de nos frères. Par ce commandement nouveau, Jésus souligne la valeur d’une vie donnée. Aimer revient à trouver sa joie dans la présence de l’autre. Le service est l’accomplissement de l’amour. Celui qui sert ne se trompe pas d’amour. Son but n’est plus d’être aimé. Il ne se regarde plus lui-même. Il aime en actes et en vérité et glorifie le Seigneur à travers ceux que le Père lui confie. Nous devenons capables d’aimer nos frères parce que Dieu nous aime. Il dépose en nous sa propre capacité d’aimer. Être baptisé, vivre en baptisés, c’est devenir capables d’aimer de plus en plus comme Dieu.
Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus se présente à nous comme le « bon berger ». « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent ; je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et nul ne les arrachera de ma main ». Ces paroles de Jésus nous aident à comprendre que nous ne pouvons pas nous proclamer disciples de Jésus si nous n’écoutons pas sa voix. Il ne s’agit pas seulement d’une écoute de l’oreille mais d’une écoute du cœur. Cela nous engage à suivre le Christ, à lui faire confiance et à mettre en pratique ce qu’il nous dit.
Frères et sœurs dans le Seigneur, Shalom.
Nous célébrons ce soir la Cène du Seigneur, ce repas d’adieu, que le Christ a partagé avec ses amis, les douze apôtres. Il s’agit d’un grand mystère, un testament que le Seigneur, conscient de sa mort imminente, a confié à ceux qui lui étaient vraiment proches.
Ce mystère d’une densité indescriptible et impénétrable par l’entendement humain se laisse voir par ses deux éléments principaux :
• l’institution de l’Eucharistie, le sacrément du corps et du sang de Jésus Christ, et du sacerdoce pour répéter ses paroles et gestes jusqu’à son retour ;
• le rappel du commandement nouveau : la charité fraternelle, qui s’exprime déjà dans la fraction et la distribution du pain, ainsi que par le lavement des pieds (le fait de se mettre à genoux pour servir).
D’une part, dans l’Eucharistie, il ne s’agit pas d’une répétition textuelle de la pâque juive (Ex 12, 1-8.11-14). Le Christ réalise la veille de sa passion quelque chose de nouveau. Il se donne lui-même comme Agneau pascal : c’est sa pâque. Ce n’est pas non plus une institution arbitraire de l’Eglise, mais plutôt l’ordre du Seigneur, ses dernières volontés, son testament, un décret perpétuel à conserver et transmettre (1 Co 11, 23-26). Il s’agit de répéter ses paroles et gestes, comme il a dit de le faire. Saint Paul nous dit avoir reçu ce qui vient du Seigneur, et c’est cela qu’il nous transmet. C’est ici l’occasion d’insister sur notre mission de baptisés, de garder et de transmettre la tradition de l’Eglise, pour ne pas tomber dans un oubli des fondamentaux de notre foi, qui est souvent une porte d’entrée de beaucoup de misères spirituelles dans nos familles et nos communautés. Cela passe par des simples pratiques constitutives de l’ADN de l’éducation chrétienne catholique, comme le fait de s’arrêter lorsqu’on passe devant une église et de faire le signe de croix. Rappelons aussi le fait de communier pendant la messe avec piété, en plaçant correctement des mains, et en prononçant un « amen » audible pour exprimer son adhésion à Celui que l’on reçoit, etc.