«TU AS RACHETE LE MONDE PAR TA SAINTE CROIX»

Lectures : 1^ère lecture : Is 52, 13—53, 12 ; Psaumes 30(31), 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25 ; 2^ème lecture : He 4, 14-16 ; 5, 7-9 ; Evangile : Jn 18, 1—19, 42

Frères et sœurs dans le Christ,

Hier, nous avions célébré avec joie et solennité l’institution de l’Eucharistie que le Christ confie à ses apôtres en mémorial du sacrifice qu’il va offrir aujourd’hui. Dans chaque célébration eucharistique, nous renouvelons ce repas pascal en mémoire de Lui, nous souvenant de sa passion et attendant son retour dans la gloire.

Le vendredi saint, l’Eglise célèbre la Passion du Seigneur et la vénération solennelle de la sainte Croix, signe du salut éternel. C’est un jour de jeûne : « mais des jours viendront où l’Epoux leur sera enlevé ; alors, ce jour-là, ils jeûneront » (Mc 2, 20).

La liturgie de la parole de ce jour est dominée par le récit de la passion, principalement celui proposé dans l’évangile selon saint Jean que nous lisons aujourd’hui. La première lecture tirée du livre du prophète Isaïe présente le récit du serviteur souffrant, transpercé à cause de nos fautes, broyé par nos péchés, humilié, frappé par les hommes. Cependant, il ne prend pas sa défense. Comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. Il a fait de sa vie un sacrifice d’expiation, c’est pourquoi, il justifiera les multitudes. C’est Isaïe qui console le peuple d’Israël en exil, qui se trouve dépouillé de tout, humilié sur toute la terre, comme l’exprime le prophète Daniel : « Il n’est plus, en ce temps, ni chef ni prophète, plus d’holocauste ni de sacrifice, plus d’oblation ni d’offrande d’encens, plus de lieu où t’offrir nos prémices pour obtenir ta miséricorde. Mais, avec nos cœurs brisés, nos esprits humiliés, reçois-nous » (Dn 3, 38-39). Le Seigneur agrée l’attitude de ce serviteur qui s’abandonne tout confiant à Lui. C’est la préfiguration de la souffrance du Christ et de son obéissance à la volonté du Père, sachant qu’Il est toujours avec Lui.

Le Christ est désormais le grand prêtre qui a offert sa vie une fois pour toutes en rémission des péchés de l’humanité. Il a obéit au Père, et par Lui, tous ceux qui obéissent au Père deviennent sujets du salut éternel. Grâce à son sacrifice, nous pouvons avancer avec assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.

La passion du Seigneur, tel que rapporté par Saint Jean, attire beaucoup notre curiosité. Le Christ sait qu’il avance vers sa mort, il se laisse entre les mains de ses bourreaux, il ne revendique rien ; il se laisse faire, alors qu’il est Tout-puissant, il a reçu tout pouvoir de son Père. Mais alors, on peut tout comprendre à partir de cette phrase : « Ma royauté ne vient pas de ce monde… » (Jn 18, 36).

En ce jour, c’est le silence de Christ qui attire notre attention. Le Christ se tait, mais il nous donne un signe profond qui exprime tout : la Croix. Sur la croix, le Christ confie sa Mère au disciple bien-aimé ; sur la croix le Christ achève sa mission et dit : « tout est accompli » Oui, aujourd’hui, frères et sœurs, contemplons le bois de la croix où Jésus nous arrache au péché et nous fait entrer dans la vie de Dieu. Contemplons la Croix où Jésus scelle une alliance définitive entre Dieu et les hommes. Contemplons la Croix où Jésus a racheté le monde. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », dit Saint Jean. C’est la grande leçon qui exprime tout, lorsque nous contemplons le Christ en Croix. La Croix nous ouvre à l’espérance, la Croix nous ouvre au sacrifice, la Croix nous ouvre au pardon de Dieu, la Croix est la révélation de l’amour infini de Dieu. Puissions-nous aujourd’hui, frères et sœurs, vivre sur les pas du Christ, en restant obéissant à sa parole, en reposant notre confiance en sa Croix victorieuse, et bien évidemment en vivant de l’amour les uns pour les autres, à son exemple

Abbé Irénée MBAKI, Diacre